Collecte auprès d'un proche de Wolf Adeline

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Titre de l'histoire A 3 ans, ma vie a pris un nouveau tournant.
Si l'auto-collecte est réalisée par écrit, merci de déposer le texte ici. Je m’appelle Danielle et dans les années 50 nous habitions à Machecoul en Loire Atlantique. Nous vivions dans une maison très cossue avec un bel escalier et à côté un grand atelier. Mes parents étaient en pour-parler et envisageaient d'acheter la maison. Maman était très occupée avec 7 enfants. J'étais la 5ème et après moi il y avait des jumeaux. Papa avait un atelier de tonnelier, il était courtier en vin. Il avait 2 ouvriers, un qui faisait les barriques et l'autre qui vendait le vin avec lui.

Moi j'étais toujours dans l'atelier avec mon papa. Je me souviens des clients qui venaient le voir, des gendarmes qui étaient toujours arrivés là. “C'est incroyable !” J'avais 3 ans seulement. Pourtant je me rappelle, il parait que c'était au moment où papa est décédé, je le revois encore … Il partait rouler une barrique pas très loin de chez nous au lieu-dit “les Prises”, et là, il a été pris d'un AVC sur la route et il est mort très peu de temps après. C'est la dernière image que j'ai de lui, il avait 36 ans.

Suite au décès de papa, l'Atelier de tonnelier s'est arrêté, tout s'est arrêté ! Et là c'était un fiasco ! Maman avait 33 ans, plus d'argent, 7 enfants à nourrir et les allocations n'existaient pas. Il a fallu qu’elle aille travailler pour gagner sa vie. Elle faisait des lessives. Elle était pourtant à même de rentrer travailler à l'hôpital de Machecoul mais elle aurait été absente toute la journée et il n'y aurait plus personne pour garder les enfants. De ce fait, on a failli être mis à la DDASS. Ma grande sœur dirigeait la maison en l'absence de maman. Des voisines s'occupaient de nous après l'école et nous donnaient le goûter chez elles. Puis quand elle avait 9 ans, ma sœur aînée prenait le relais, sûrement après avoir fait ses devoirs.

Avant, j'avais la communication avec papa. Mais suite à ce changement brutal, j'ai perdu cette communication avec lui et il me manquait, je devais surement le chercher. II paraît qu'à ce moment-là, je suis devenue insupportable et rebelle, j’insistais toujours, j'avais toujours envie de faire que des bêtises. Et je faisais des bêtises ! Si bien que mes sœurs en avaient marre de moi ! Par exemple, je faisais caca dans ma culotte ! Je revois mes deux sœurs aînées me prendre sous le bras et m'emmener dehors et pour me mettre les fesses sous l'eau de la pompe du jardin … Voilà, je faisais que des bêtises, je ne tenais pas en place.

Après, ma maman a été très fatiguée. Une de mes sœurs a fait une méningite et a été hospitalisée au CHU pendant un mois. Et de ce fait, mes grands-parents maternels qui habitaient à Villeneuve en Retz, Bourgneuf à l'époque, nous ont ramenés chez eux. Ils vivaient dans un corps de ferme et avaient fait construire une maison neuve, qu'ils habitaient. Nous vivions à côté de chez eux dans une petite maison de deux pièces mais nous avions quand même une maison à nous. Avec l'hiver on voyait le givre en haut quand ça gelait bien. Nous n'avions pas de confort, juste une cheminée pour nous chauffer, une bassine pour se laver. Maman n'avait pas les moyens de s’acheter une belle gazinière ou autre chose.

Notre vie a totalement changé. Notre niveau de vie a fortement baissé. Mais nous n'avons manqué de rien ! Nous n'avons pas manqué d'amour. Peu importe notre âge, maman aimait nous prendre sur ses genoux, nous serrer fort et nous embrasser. Elle a toujours aimé ça, ma maman. Elle était aimante. On disait d’elle qu'elle était dure, car elle nous confiait des tâches à faire. Par exemple, quand on arrivait de l'école, on devait faire bouillir le linge dans l’eau du chaudron et laver avec le savon puis rincer et mettre à sécher pour reprendre notre blouse à l'école le surlendemain. Mais cela nous a appris. Elle pouvait parfois paraître brutale, dans le sens où elle nous disait qu'on allait devoir travailler, qu'on n'avait pas le choix. Et il fallait lui obéir, elle ne nous laissait pas le choix. Elle nous éduquait ! Quand on lui réclamait quelque chose, maman nous disait : “ Non, je ne peux pas ! Je paye les cotisations sociales, je vous nourris et après il n'y a plus rien.” Elle ne nous avait jamais parlé de la DDAS, elle ne nous a pas fait peur. Maman n'a jamais voulu se remarier. Des amis de mon père auraient voulu, mais elle a dit qu'elle n'aurait jamais d'autres enfants avec un autre homme, qui ne nous auraient peut être pas aimés. je trouve ça beau !

Ma grand-mère était charmante. Elle était une mamie généreuse, elle nous faisait des petits plats, des gâteaux. Mais malheureusement, quand j'avais 7 ans, elle est décédée sur la table en se faisant opérer de la vésicule biliaire. Mon grand-père s'est retrouvé seul. Encore un autre coup dur pour nous. Mon grand-père, lui, était très rigide. On n'avait pas le droit d'entrer dans la maison sans quitter nos chaussures, d'aller dans son jardin et de monter sur un carré, de cueillir une prune. Et c'est un peu lui qui nous a élevé aussi. Nous étions divisés puisque la maison était petite et tous les soirs, deux d'entre nous allaient dormir chez mon grand-père, dans la chambre où il dormait. Ils avaient un peu de volailles et mon grand-père faisait du jardin. On avait beaucoup de légumes mais on ne mangeait pas de viande. Le jeudi quand on n'avait pas d'école, c'était un ragoût d'oignons, de patates et de carottes. C'était notre nourriture. Et on mangeait beaucoup de soupes de légumes, de citrouilles, de choux …

A 14 ans, on a dû aller travailler pour donner l'argent à maman, qui travaillait chez des notables qui ne la déclaraient pas. Donc ce qu'elle gagnait, elle le redonnait. Elle faisait aussi du ménage et la lessive chez ses deux sœurs et en échange, un de mes oncles, qui était pêcheur, lui donnait du poisson mais ne la rémunérait pas. Plus tard, il a fallu qu'on intervienne auprès des employeurs pour qu'ils reviennent 5 ans en arrière afin que maman puisse toucher une retraite de 400 euros environ. On lui a donné de l'argent jusqu’à ce qu'on se marie, ça lui a permis de se relever. Mais elle n'a jamais réussi à être propriétaire à son grand regret. Cependant, tous les dimanches on allait voir maman, tous les enfants et petits-enfants. Elle nous préparait des bottereaux, des beignes aux pommes, des gâteaux de Savoie. Elle faisait selon ses moyens mais elle adorait nous recevoir, nous accueillir, nous faire plaisir. Il y a 20 ans, on aidait tous à payer la maison de retraite pour maman et je trouve ça normal. On se relayait tous les jours pour la voir. C'était vital ! “Tu nous as donné, on te donne ! ” On nous a dit que nous étions la seule famille qui s'occupait comme ça de ses parents. Elle est décédée entourée et aimée à 94 ans.

La perte de mon papa et les conséquences pour ma maman et nous 7 nous a beaucoup appris. On a peut-être appris le don de soi. Nous avons reçu une bonne éducation compte-tenu de la situation. Nous avons été bien entourés aussi par nos grands-parents et nos familles, j'ai beaucoup de bons souvenirs. Je pense que, ce qu'on a reçu, cette aide, on est en mesure de le redonner, d'aider les autres. Comme disait maman : “ Il faut toujours oublier le passé pour vivre au présent et avancer dans sa vie.”
Entre l'annonce du défi et aujourd'hui, quelles sont les éventuelles difficultés rencontrées? Le choix de la personne collectée est difficile.

Je ne trouve pas si évident d'expliquer en quoi cela consiste et il faut rassurer la personne.

Mon témoin a commencé par "j'ai eu du mal à dormir et ce matin c'est la première chose à laquelle j'ai pensé." Elle parlait de choix de sa petite histoire, elle avait plusieurs idées.

Une fois rentrée chez moi après l'interview, je me suis aperçue que je navais pas pris de notes.
Heureusement jai enregistré avec mon téléphone et le son est correct pour moi.

En écoutant, je me suis rendue-compte que je dois m'ameliorer sur l'écoute active.
Je prends trop la parole, pose des questions, voire je parle de moi. Par moment c'est un dialogue.

Du coup, je pense que pour m'entrainer avec le support audio je vais utiliser ces enregistrements.
J'en ai deux puisqu'elle m'a finalement raconté deux "anecdotes."
Je pense pouvoirs tirer plusieurs morceaux pour faire un seul. J'aime beaucoup sa voix et sa façon de raconter.

Je me suis rendue-compte que je pouvais, je pense, tirer un récit de vie de cet échange.
Que cétait plutot long pour une petite histoire, une anecdote.

Il a donc été difficile pour moi de réduire l'histoire, d'enlever des choses. J'aurais pu l'arrêter plus tôt mais jai pris le risque de passer un maximum d'informations, à la manière du témoin.

J'ai dû remettre certains paragraphes dans le bon ordre chronologique aussi.

Et à la fin j'ai constaté que le titre que j'avais prévu au début n'allait pas.

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