Collecte auprès d'un proche de GUILLEMET Bénédicte

Sélectionner votre Prénom-Nom dans cette liste GUILLEMET Bénédicte
Titre de l'histoire Rencontre avec un des derniers Cap-Horniers
Si l'auto-collecte est réalisée par écrit, merci de déposer le texte ici. Passionné de voile, j’ai fait mon Service Militaire dans la Marine Nationale. J’ai beaucoup navigué : 16 mois sur un bateau en escorte rapide. Cela m’a permis de découvrir pratiquement tous les pays de la Méditerranée.
Après mon service, je rentre dans une amicale d’anciens marins à Montargis. Cela m’a permis de faire beaucoup de rencontres et en particulier de m’impliquer dans une histoire tout à fait inattendue.

En mars 1978, le pétrolier Amoco Cadiz, s’échoue en bordure des côtes bretonnes, et provoque une marée noire considérée comme l'une des pires catastrophes écologique de l'histoire.

Fidèle à sa devise, ‘tous fidèles comme à bord’, l’Amicale des anciens marins de Montargis se mobilise pour aller ¨nettoyer¨ les dégâts. Devant les difficultés techniques pour acheminer du matériel, nous privilégions d’organiser une collecte au profit de pêcheurs sinistrés.

Deux mois plus tard, le 18 mai 1978, au cours d’une réception à la Mairie de Trébeurden un village de pêcheurs sinistrés, nous remettons un chèque au Président de l’Amicale locale Monsieur Henri LEGOASTER. Ce Monsieur, quel personnage ! un ancien ¨Cap-Hornier¨.

Entre 1850 et 1900, les Cap-Horniers étaient des immenses 3 mats, à la fois rapides et résistants pour pouvoir passer le Cap Horn, redouté pour ses tempêtes. Ces navires acheminaient des cargaisons de thé d’Amérique du sud ou du nitrate en provenance du Chili vers l’Europe. Les marins étaient surnommés des Cap-durs !

Ce week-end de 1978, j’ai pu dialoguer avec Henri Le Goaster, un des derniers Capdurs, alors âgé de 87 ans. Ils n’étaient plus qu’une quinzaine en cette année-là. Il m’a raconté quelques anecdotes de sa vie. Pour un passionné de voile, c’était un vrai plaisir de l’écouter, j’imaginais les circonstances de son travail. Il m’a raconté qu’il avait commencé comme mousse, à l’âge de 13 ans, à manœuvrer les voiles. Petit à petit, au fil de son apprentissage, il est monté en grade et a terminé sa carrière comme commandant d’un minéralier de la compagnie maritime Delmas. Nous avons discuté à plusieurs reprises tout au long de la journée et il m’a raconté des anecdotes et expliqué les termes de marins qu’ils utilisaient à l’époque.

Je réalise la chance immense que j’ai eu de le rencontrer, et j’éprouve une certaine fierté aussi. Peu de marins de ma génération ont eu l’opportunité de croiser la route de Capdurs et qui plus est, c’est moi qui avais organisé cette rencontre, sans me douter un instant que j’allais faire la connaissance d’un tel personnage.
Entre l'annonce du défi et aujourd'hui, quelles sont les éventuelles difficultés rencontrées? J'ai identifié la personne qui allait être mon témoin assez vite. Une personne passionnée qui aime raconter pour transmettre. il m'a proposé plusieurs anecdotes et nous en avons choisi une.

J'ai choisi l'écrit tout en enregistrant la séance en back-up. J'ai commencé par essayer de prendre en note l'intégralité de ce que le témoin racontait mais je me suis rendue compte que j'avais le nez collé sur mon carnet et que c'était perturbant pour lui et que je ne recevais pas ses pleinement ses mots. J'ai interrompu cette prise de note en notant seulement des mots pour me souvenirs de précisions à demander si je ne voulais pas l'interrompre.

J'ai aussi pris conscience de la frontière fragile entre l'interaction pour relancer le récit et les questions qui peuvent orienter dans la direction où le collecteur souhaite aller. Dans mon cas, j'aurais aimé que le témoin exprime son ressenti par des mots.

Peut-être que si j'avais choisi une collecte audio en format finale, l'émotion serait mieux passée. C'est le format que j'expérimenterai pour ma prochaine collecte!

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