Auto-collecte de GUILLEMET Bénédicte

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Dépôt (par écrit ci dessous / par audio ou video à droite dans "fichier") En 1995,j'ai travaillé à Hauteville House, la maison d'exil de Victor Hugo à Guernesey, devenue un musée de la Ville de Paris. Je louais une chambre chez un vieux monsieur, Docteur P, dont le contact m'avait été donné par le Conservateur du musée. Sa maison était immense, sur 5 niveaux avec un vaste palier à chaque étages. Les sols étaient en parquets recouverts de multiples tapis. Je louais une chambre au 1er étage et je partageais la salle de bain de l'étage et la cuisine avec les autres locataires. les autres locataires, c'était une jeune anglaise pendant les 6 mois d'hiver, puis 4 autres françaises pendant la saison touristiques. Le propriétaire de la maison vivait dans le grenier qu'il avait aménagé avec tout ce dont il avait besoin pour vivre : un petit lit pour dormir, de quoi cuisiner très simplement, un pupitre haut pour étudier ses livres, et une grande table avec un circuit de train électrique allemand avec tous les décors d'une ville et ses personnages. Il était passionné de train et un autre circuit occupait une pièce entière au sous-sol. C'était S, la jeune anglaise, qui m'avait accueillie à mon arrivée le 2 janvier en m'invitant à aller rencontrer le propriétaire à son étage en fin de journée pour me présenter et lui payer mon loyer en espèces. J'étais un peu intriguée en montant l'escalier étroit qui montait au grenier. je n'avais bien sur pas imaginé découvrir cet aménagement de lieu de vie dans une telle maison, et encore moins ce monsieur de taille modeste qui avait attaché un matelas autour de son corps, des genoux jusqu'à la poitrine pour se tenir chaud! Ce détail en disait long sur sa volonté de limiter ses dépenses. j'eus l'occasion d'en apprendre un peu plus sur ce monsieur par une collègue de travail qui le connaissait depuis très longtemps. Ancien diplomate, Docteur P. avait beaucoup voyagé, parlait 11 langues, et donnait tout l'argent qu'il gagnait aux personnes dans le besoin autour de lui.
Chaque mois, lorsque je montais le voir pour payer mon loyer, il me parlait un peu de sa vie. il parlait couramment le Guernsey French, mélange de français et d'anglais.

Deux ou trois mois après mon arrivée, j'ai commencé à constater des piqures de puces sur mon corps, mes jambes en particulier. (Je sais bien les reconnaitre car nous avions toujours eu des chats à la maison et c'est toujours moi qu'elles venaient piquer.) Il y avait en effet plusieurs chats qui entraient dans cette maison. Ils ne recevaient pas de traitement anti-parasites et ne portaient pas de collier. De plus, tous les sols de la maison étaient recouverts de tapis. J'ai commencé à essayer de désinfecter le sol de ma chambre, puis de l'ensemble des pièces de mon étage, et avec S, nous avions équipé les chats de colliers anti-puces. Au bout de deux mois de bataille, la situation de s'améliorait pas pour moi. je ne voyais qu'une solution, désinfecter l'ensemble de la maison pour pouvoir se débarrasser définitivement de ces petites bêtes. j'étais très ennuyée car je ne pouvais bien évidemment pas prendre en charge une telle intervention mais je savais que ce serait également une charge lourde pour Docteur P. Je finis par me résoudre à aller le voir et lui expliquer la situation. Il m'écouta avec attention, comprit ma détresse d'avoir du supporter toutes ces piqures et de devoir lui demander d'intervenir, en sachant que ce serait onéreux. Lui et ma collocataires voyaient bien ces puces mais ils ne se faisaient pas piquer. Cela n'avait jamais été problème pour qui que ce soit auparavant; j'en étais d'autant plus embarassée et désolée. Docteur P. fit le nécessaire. Après cette intervention de nettoyage, et encore quelques semaines pour venir à bout de ses piqures, je pus reprendre une vie plus sereine et profiter pleinement de mon aventure à Guernesey. Cet épisode m'a beaucoup marquée parce que cette démarche a été difficile pour moi. Demander à cet homme qui, manifestement avait le coeur sur la main et ne devait pas garder grand chose des loyers que nous lui versions pour lui-même, était un vrai crêve coeur pour moi.
Entre le démarrage du défi et aujourd'hui, quelles sont les difficultés rencontrées? pendant le 1er webinaire, juste après avoir évoqué en sous-groupe l'origine de ma présence dans cette formation, je me suis souvenue qu'en fait, cela remontait à beaucoup plus longtemps que ce que je venais d'évoquer.
J'ai d'abord pensé raconter l'anecdote à laquelle j'avais pensé pour ce défi, mais d'autres anecdotes plus nettes sur cette même période de vie me sont revenues... un souvenir en appelle un autre. j'ai attendu d'avoir pu finir les séquences 2 et 3 avant d'écrire ma petite histoire. j'ai hésité avec le support audio mais je pense que j'aurais été trop brouillon. c'était plus facile pour moi de me corriger à l'écrit.

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